December 20, 2016

Batterie HP hstnn-lb2r

De nombreuses startups sont apparues ces dernières années pour commercialiser des solutions de séquençage destinées au grand public, la plus connue étant 23andme. Elles ont parfois du mal à se positionner dans le secteur médical, notamment pour des raisons réglementaires. 23andme joue ainsi au chat et à la souris avec la FDA américaine depuis quelques années. En Europe, on peut citer Dnavision, la société belge créée par Laurent Alexandre (entre autres, fondateur de Doctissimo) qui propose des services de séquençage à destination des chercheurs et des professionnels. D’autres startups sont positionnées sur des applications plus concrètes du séquençage ou du génotypage comme Counsyl qui propose des tests ADN prénataux ou préconception, Invitae qui réalise des dépistages précis de maladies génétiques, Genelex qui utilise votre ADN pour identifier les contre-indications médicamenteuses ou encore uBiome qui séquence vos bactéries intestinales !

Dans le cadre de concours tels que le Tricorder XPrize financé par Qualcomm, plus d’une dizaine de startups et laboratoires planchent de leur côté sur la création d’appareils miniaturisés capables de scanner notre corps et notamment d’en analyser le sang et les urines pour identifier des pathologies émergentes. Ces capteurs de "biomarqueurs” qui analysent à la fois les centaines de protéines qui circulent dans nos fluides et les variations de notre ADN pourront devenir un jour grand public. Ils permettront d’identifier vos pathologies d’un seul coup et non examen par examen.

La puissance publique a tendance à regarder dans le rétroviseur et à s’inquiéter du devenir de DailyMotion ou de faire face à la dominance de Google en espérant voir se créer des alternatives dans le style de Qwant. Même si l’effort est louable, cela reste de belles chimères. Ne sommes-nous pas en train d’observer passivement, une nouvelle fois, une stratégie non écrite de domination américaine des technologies à venir ? Et ne parlons même pas des Chinois, notamment avec leur inquiétant programme de sélection totalement eugénique destiné à créer une population plus intelligente et le "China Brain Project” encore en gestation ! Entre la force de la technologie outre-Atlantique et la force du nombre côté chinois, que faisons nous en France et en Europe pour avoir notre place dans ces secteurs ?

La France héberge quelques pôles technologiques qui vont dans le sens des technologies de la singularité. A Grenoble, on travaille sur les nanotechnologies, dans le pôle Systematic de la région parisienne, on parle big data dans le texte, ailleurs comme à Lyon, on investit dans la robotique. Côté santé, les investissements sont distribués un peu partout sur le territoire.
Cependant, dans l’ensemble, l’écosystème entrepreneurial est très opportuniste et court-termiste. On assiste même à une forme de "détechnologisation” de l’écosystème. Bpifrance et la Fing ont fait la promotion au début 2015 des innovations de services à faible dose technologique. L’idée est de faire en sorte que des Facebook et Uber puissent se créer en France et pas seulement des Google. L’idée n’est pas mauvaise mais son impact indirect peut-être un laisser aller et une commoditisation de la dimension technologique de l’innovation. On observe ainsi l’émergence d’une pléthore de startups dans les "usages” autour de la mobilité, des jeux et de la publicité, le tout mâtiné de big data plus ou moins sophistiqué. L’ambition ? Créer plein de Blablacar !

Mais on est encore dans l’analyse ! Reste à créer des thérapies qui s’appuient sur la connaissance du génome, des mécanismes d’expression des gènes et de la complexe mécanique cellulaire. En France, nous avons le Généthon et l’unité de production Biopark à Evry qui créé des thérapies géniques de maladies rares, myopathie de Duchenne en tête. Aux USA, Bluebird Bio, planche aussi sur des thérapies géniques, en s’appuyant notamment sur des projets issus de l’INSERM français. D’autres nombreuses sociétés se focalisent sur les traitements de cancers de toutes sortes qui ont comme origine des défauts du génome soit héréditaires soit acquis ensuite du fait du mode de vie et de l’environnement.

Un nouveau marché est aussi en train d’émerger : la synthèse d’ADN avec notamment Synthetics Genomics, une société créée par Craig Venter qui avec Genentech avait contribué au premier séquençage complet de l’ADN humain. Ils sont littéralement capables d’imprimer des séquences d’ADN de plusieurs milliers de bases (jusqu’à 2 millions), constituant des gènes, qui pourront ensuite être intégrées dans des cellules avec des "ciseaux” d’ADN et de bricoler des génomes divers. A la clé, la réparation de gènes défectueux que l’on trouve dans certaines maladies rares et pourquoi pas des thérapies anticancéreuses. Si l’on couple cela à l’impression 3D de cellules, notamment des cellules souches, comme ce que prépare Organovo, cela pourra aller loin, très loin !

De nombreux laboratoires et startups planchent aussi sur la biologie du vieillissement. C’est le cas de Calico, une filiale de Google, pour l’instant à l’état d’un laboratoire de recherche fondamentale.
Le champ de la génomique est complété par celui des prothèses bioniques et notamment des implants cérébraux qui redonnent la vue aux aveugles. On n’est plus bien loin de rendre possible à la fois la télépathie et la télékinésie !
Ceci n’est qu’un tableau impressionniste bien partiel de ce secteur en plein ébullition où des chamboulements sans précédent se préparent ! Et la e-santé et ses dossiers médicaux numériques dans le cloud ne sont que l’écume des bouleversements en cours.
Vivre plus longtemps grâce à la génomique et moins travailler grâce à l’intelligence artificielle et aux robots ? Allons-nous vers un monde de rêve où nous passerions notre temps à profiter du temps, des gens, des voyages, de l’amour et de la culture ? Evidemment, pas tout de suite, et peut-être même jamais ! Il n’en reste pas moins que toutes les ruptures technologiques intermédiaires de la singularité auront plus d’impact sur la société que les vingt-ans d’Internet et de numérique grand public que nous venons de vivre.

Diverses personnalités américaines comme Elon Musk et Bill Gates ont manifesté récemment des craintes pour ce qui concerne l’intelligence artificielle et une perte potentiel de son contrôle par l’espèce humaine. D’autres sont circonspects sur la perspective de devenir immortels ou de vivre beaucoup plus longtemps. A la fois sur sa faisabilité pratique et sur son impact sociétal (un monde qui vieillit trop n’innove plus, …).
Bien avant que l’on en arrive là se poseront d’autres questions tout aussi cruciales, comme celle de l’évolution du travail et de la répartition des richesses. Si on peut vivre en bonne santé quelques décennies supplémentaires, quid du système de retraites ? Si l’humanité peut produire alimentation, énergie et autres biens et services de manière encore plus automatisée qu’aujourd’hui, quid du travail et de la répartition des revenus ? Surtout dans la mesure où le travail ne sera probablement jamais entièrement supprimé. Il se déplacera ailleurs. Au minimum, aux extrêmes avec d’un côté des emplois très qualifiés pour ceux créent et maintiennent les robots et autres logiciels et de l’autre des emplois faiblement qualifiés, quand il ne sera pas possible de faire appel à des robots et à l’intelligence artificielle pour des raisons techniques ou économiques. Potentiellement dangereuses ou pas, une bonne partie des technologies évoquées dans cet article arriveront sur le marché progressivement.

La marche vers la singularité devra aussi faire face à des considérations exogènes comme la question environnementale : est-ce que la singularité arrivera avant le point de non retour environnemental du réchauffement planétaire ? La plupart des singularistes s’intéressent aussi aux énergies renouvelables et notamment à l’exploitation directe de l’énergie solaire. Les exponentielles de progrès sont plus difficiles à générer. On peut notamment espérer des progrès dans le secteur des batteries, l’un des principaux champs d’investigation d’Elon Musk avec ses voitures électriques Tesla et ses batteries Powerwall pour stocker les énergies renouvelables dans la maison.
Les impacts potentiels de la marche progressive vers la singularité sont évidemment globaux : sociétaux, philosophiques, industriels, économiques et politiques. Ils sont dans la lignée des transformations issues de la numérisation de l’économie de ces dernières décennies. Je me focalise ici sur la dimension industrielle et politique.

Posted by: retrouve3 at 07:31 AM | No Comments | Add Comment
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